« Monsieur Klément Julienne est demandé au bureau des informations… »
Bienvenue à bord
Joseph Guigui : « Au milieu des années 80, j’étais dans la mouvance afro-funk. J’organisais les soirées Chez Roger boîte funk. Parallèlement, je m’investis dans la Malka Family, un groupe d’une douzaine de personnes, en totale autogestion. Nos influences allaient de la musique africaine ethnique au ragga digital. Entre 1988 et 1997, nous avons sorti quatre albums, « Human Spirit – Malka Family », « Malka on the beach », « Tous des Oufs », et « Fotoukonkass ». En 97, on a arrêté Malka Family, parce qu’on avait marre d’être une clique. Avec le développement de la musique électronique, j’ai donc pris le contre-pied ; je pouvais faire de la musique en solitaire. Et puis au bout d’un moment, j’en ai eu marre d’être tout seul, c’est pas fait pour ça la musique… »
David Dahan : « J’étais basé à Nice. C’est en tant que D.J. que je me suis fait connaître. Mon père était lui-même disc-jockey dans les années 60 sur la côte d’azur. D’une certaine manière, j’ai repris sa succession. Je jouais de la House sous le nom de DJ Daweed. Puis, tout naturellement, je suis monté à Paris avec mes disques sous les bras, mais aussi avec une partie de ceux de mon père. J’ai commencé à m’orienter vers l’easy listening et l’électro. Et, sous la grisaille parisienne, c’est la rencontre avec Joseph… »
Embarquement immédiat
Klément Julienne « Nous nous sommes associés pour faire de la house, mais nous n’y arrivions pas. Nous étions plus légers, plus humains. En 98, nous avions d’abord sorti un EP 4 titres house, « Basse Corniche », avec un premier morceau down tempo, « Vitto », le premier pas dans la direction prise par la suite. Toujours en 98, nous avons composé un autre maxi avec deux titres. En face A, un morceau house complètement foiré et en face B, une composition Hip jazz house, « Possoz Boogie », qui va ressortir trois ans plus tard sur une compilation du Maquis, avant d’être ré-enregistré pour notre premier album. »
Bagages accompagnés
David Dahan « La collection de disques de DJ Alain Dahan a été pour nous une véritable caverne d’Ali Baba, une puissante source d’inspiration. C’est ainsi que sur l’un de ses vinyles, un LP d’ambiance enregistré à Orly Sud dans les années 60, nous avons entendu cette phrase admirable : « Monsieur Clément Julienne est demandé au bureau des informations ». Nous ne saurons jamais qui est ce mysterious guy, mais il est devenu notre double… »
Plan de vol
Joseph Guigui « La rencontre avec Le Maquis s’est faite en 2000 sur le vol Paris-Nice. David était assis à côté de Philippe Pierre-Adolphe, lui-même accompagné de plusieurs Dj’s dont Dee Nasty, Ales Gopher et David Chong. « Êtes-vous producteur de musique ? ». Une semaine plus tard, un cd avec quatre titres était sur le bureau de Philippe. Dans la foulée nous avons participé à trois compilations du Maquis, « Résidence » 1 et 2, « Lounge Story 2 ». La décision de faire un album ensemble a très vite été envisagée. Philippe est allé rendre visite à son partenaire Francis Dreyfus avec « Pozzoz Boogie ». Francis appréciait déjà Malka Family. Il a écouté vingt-cinq secondes du titre et il a dit : « On le fait ! ». C’est la signature la plus rapide de l’histoire de l’industrie discographique ! »
On the air
Klément Julienne « Fin 2001, nous avions seulement trois titres. En avril 2002 nous commençons donc les premières sessions. Elles dureront quinze jours, puis il y aura encore deux fois dix jours d’enregistrement. Entre chacune de ces sessions, nous élaborions les morceaux à venir. Nous nous sommes installés sur la côte d’azur et avons loué une maison à Cagnes-sur-mer. Les après-midi, nous enregistrions les musiciens, de jeunes jazzmen très talentueux. Mais notre but n’était pas de leur faire jouer du jazz de manière traditionnelle. Nous voulions les faire entrer dans notre monde en cherchant à explorer et fusionner différents univers musicaux : latino, Boogaloo, lounge et jazz. Ensuite, le soir, seuls devant nos machines, nous nous consacrions à la construction des titres. Nous sommes restés dans la continuité de ce côté laborantin de nos débuts : ordinateur + vynils + musiciens. »
Jet lag
Klément Julienne « L’exception qui confirme la règle : pour le titre « Jerko », Stanley Beckford a été enregistré à Paris. Ce chanteur jamaïcain, pionnier du Mento était en Europe pour une tournée de 10 jours. Nous avons réussi à le coincer en studio un dimanche, son seul jour off. Les miracles ne se programment pas ! »
Looping
Klément Julienne « Il nous est arrivé de nous inspirer des sons de la discothèque d’Alain Dahan, mais nous ne prenons pas de sample pour faire de la musique. Nous nous intéressons uniquement aux sons et à l’esprit qui « font » l’ambiance. »
Boogaloo
Klément Julienne « Panamérican, c’est un rêve d’exotisme qui n’existe nulle part ailleurs que dans les souvenirs de l’inconscient collectif. L’écho de mots aux consonances phantasmatiques : bossa nova, Grand Hôtel, casino, baie de Rio, Caracas, « Opération Tonnerre », « Dr No » Caraïbes, OSS 117, côte d’Azur, calypso… Et surtout : Orly Sud, l’aéroport qui menait à toutes les destinations de ce rêve… »