"Il y a dans toute cette musique
une grâce ailée qui en fait tout le charme"...
Pour son premier disque pour Dreyfus Jazz, Didier LOCKWOOD a choisi d'aller enregistrer à New-York, une ville qu'il connaît bien et qui l'inspire depuis longtemps. Avec une idée simple en tête : changer totalement le son de son groupe.
Ainsi, dans le sillage du célèbre trio HLP (Daniel HUMAIR - Eddy LOUISS - Jean-Luc PONTY) qui, dans les années 60, avait ouvert la voie, a-t-il voulu, à son tour, creuser la magie de l'alliage de deux timbres qui s'accordent idéalement: le violon et l'orgue.
Le choix des musiciens de la séance s'est fait très vite, comme une évidence.
A savoir :
Joey DEFRANCESCO, le nouvel amant de l'Hammond, qui sait à merveille faire ronronner et rugir son B3 avec l'autorité d'un vieux routier du "groove". Sur le dernier morceau de l'album ( « SPIRITS OF THE FOREST »), DEFRANCESCO s'affirme aussi comme un trompettiste tout à fait convaincant.
Quant à la rythmique, pas d'hésitation non plus. Didier a choisi en la personne de Steve GADD, batteur surdoué aussi "facile" que précis, et James GENUS, impeccable gardien du tempo, "sorte de Ray BROWN d'aujourd'hui", deux musiciens solides, rigoureux, vifs, très confortables.
Enfin, sur les trois premiers titres, LOCKWOOD a fait appel à Steve WILSON le nouvel alto dont on parle, qui conjugue dans son jeu, de manière toute personnelle, la délicatesse mélodieuse d'un Paul DESMOND et la flamme incisive d'un Cannonball ADDERLEY.
Point important, Didier LOCKWOOD a souhaité que l'enregistrement de "STORYBOARD", supervisé par Benoît SOURISSE,
son pianiste attitré promu pour l'occasion "directeur musical" de la séance, se fasse dans les conditions d'un concert. Pas plus de deux prises par morceau: "Afin de conserver la spontanéité du "live", la chaude immédiateté du jazz sur scène. Afin que mes compagnons et moi-même puissions nous "lâcher" en toute liberté".
Résultat : il flotte tout au long de cette séance new-yorkaise une ambiance très "after hours", quand les jazzmen décident de jouer pour le seul plaisir d'oublier le temps et de laisser la musique les emporter jusqu'au bout de la nuit.
"STORYBOARD" séduit d'emblée par sa sérénité sans prétention. Didier y fait ainsi se croiser librement toutes sortes de climats, du plus strictement soul jazz, couleur Blue Note années 60 (« En Quittant Kidonk ») à la transe des musiques orientales (« Spirits of the Forest ») comme à la rêverie au creux de mélodies fraîchement printanières dont il a le secret (« Mathilde » et « Thought Of a First Spring Day »), en passant par un bon coup de blues (« Série B ») et une superbe volée de flèches tziganes (« Storyboard »).
Il y a dans toute cette musique une sorte de grâce ailée qui en fait tout le charme. une fois encore LOCKWOOD s'impose comme un immense violoniste, un improvisateur d'exception.
Avec lui ça swingue, ça pulse, ça "groove", ça voyage, ça rêve, ça coule de source avec une sensualité toute naturelle. Sans effort apparent.
S'il est un mot qui peut définir le jeu de Didier, c'est bien "justesse". Justesse infaillible du son, d'abord, mais aussi justesse de la mise en place, du goût et de l'inspiration.
A preuve, sa version alerte et vive, particulièrement brillante de « Tableau d'une exposition » de MOUSSORGSKI
1.Thought of a first spring day07:35 (Lockwood Didier)
2.Back to Big Apple04:40 (Sourisse Benoît)
3.En quittant Kidonk05:42 (Lockwood Didier)
4.Mathilde07:37 (Lockwood Didier)
5.Tableau d'une exposition04:50 (Eisinger J.B.)
6.Série B07:02 (Lockwood Didier)
7.Storyboard03:58 (Lockwood Didier)
8.Irrémédiablement04:50 (Probst Dominique)
9.Spirits of the forest08:03 (Lockwood Didier)
Didier Lockwood : violon - Steve Gadd : batterie - Joey DeFrancescp : orgue, trompette - James Genus : basse