Plus de dix ans après avoir conquis les grandes oreilles du Concours International Thelonious Monk, se révèle enfin au grand jour l’immense talent de Sara Lazarus. C’est en effet, en 1994 que Sara avait reçu le premier prix de cette prestigieuse compétition. Cette distinction n’allait pas être suivie d’un effet immédiat ; Sara, peu sensible aux paillettes, allait vivre les douces joies du « métier » de mère.
Flash-Back. Sara est née, à Wilmington, petite ville du Delaware située non loin de Philadelphie. À la maison, elle entend la musique des big bands qu’aime sa mère new-yorkaise. Après le piano, c’est le saxophone qu’elle apprend pour en jouer dans le big band du collège. À 16 ans, avec l’American Youth Jazz Band, Sara se retrouve sur la scène du Festival de Jazz de Montreux. Second sax ténor, mais également chanteuse. Car elle chante aussi, depuis toujours dit-elle. Après la High School, Sara poursuit des études littéraires à la très fameuse Université de Harvard. Elle ne se voit pas encore chanteuse de jazz, malgré quelques cours au New England Conservatory avec Dominique Eade, mais plutôt professeur de littérature. Mais la pratique du jazz avec le big band de l’Université, et les encouragements d’Illinois Jacquet, légendaire saxophoniste invité par l’orchestre, l’aident à prendre LA décision : elle sera chanteuse de jazz.
Elle débarque à Paris en 1984 où elle y retrouve Illinois Jacquet qui l’engage pour une tournée dans le midi de la France. Les « gigs » se succèdent sans trop de difficulté. Parce que Sara chante avec grand chic les « standards » familiers. Pour cela, elle joue évidemment de ses dons naturels, mais aussi de tout ce qu’elle a appris à l’écoute de ses chanteuses favorites. L’autre Sarah en particulier, la Vaughan. Betty Carter et Shirley Horn viennent ensuite dans l’ordre de ses préférences, mais Billie Holiday et Ella Fitzgerald restent présentes dans son cœur d’interprète et de pédagogue. La première parce que, spontanément, elle savait à la perfection exprimer ce qu’elle avait à dire. La seconde parce qu’elle maîtrisait l’art difficile du scat et qu’elle phrasait comme un grand soliste de jazz. Lentement mais sûrement, elle a forcé le respect et l’admiration des musiciens et des mélomanes. Le prix Thelonious Monk ne lui a pas tourné la tête. Sa nomination aux Victoires du Jazz non plus. Elle se fait entendre dans les meilleurs endroits en France et ailleurs, assure des cours et des master classes dans plusieurs grands festivals (Jazz in Marciac) ; elle participe au projet Cole Porter de Patrice Caratini, et enregistre enfin l’album que tout le monde attend impatiemment.
Au piano, Alain Jean-Marie, immense musicien, complice idéal dont Sara loue la grande sensibilité, la sonorité profonde, et sa façon d’aller infailliblement à l’essentiel de la beauté. À la contrebasse, Gilles Naturel, musicien raffiné, juste et précis, qui cultive à la fois une sonorité ronde et pleine, et un impeccable sens du tempo. À la batterie, tour à tour Winard Harper, que Sara avait rencontré à l’occasion de « gigs » et qui lui avait laissé un souvenir ébloui, et le fidèle Andrea Michelutti. En invité sur quelques plages, Biréli Lagrène, guitariste étourdissant, accompagnateur étonnant, en particulier sur Smile, en duo avec Sara.
Cette chanson, écrite par Charlie Chaplin, représente assez bien le genre d’œuvres qu’affectionne la chanteuse, des mélodies souvent familières et qu’on est heureux d’entendre parce qu’elles ne font pas partie de celles que tout le monde chante. Il en est ainsi d’It’s Crazy, swinguante et joyeuse chanson d’amour, de Get Out of Town de Cole Porter, à laquelle Sara donne un impérieux balancement, de He Was Too Good to Me, chanté à fleur de peau, de Give Me the Simple Life et This Can’t Be Love, prétextes à de magnifiques renouvellements rythmiques. Du côté des chansons plus connues, notons Once Upon a Summertime, avec paroles du grand Johnny Mercer, articulées à merveille et avec grand feeling, et September Song dans une version latino très inattendue. Latine également, mais bien moins connue, la mélodie de Clare Fischer, Morning, est ici offerte par Sara avec un charme et une élégance irrésistibles
« Une voix pénétrante, pêchue, et en même temps délicate et sobre. En un mot : impeccable. »
ELLE
« Give Me The Simple Life est une petite bombe. Sara Lazarus dégage un swing assuré, une simplicité et une joie de vivre enivrantes. »
Journal du Dimanche
« Nous connaissions les qualités de Sara Lazarus, les voici portées à leur quintessence. »
Jazzman
1.It's Crazy02:30 (Timmie Rogers/Albert Fields)
2.Once Upon A Summertime04:45 (Eddy Marnay-John Mercer - Michel Legrand - Eddie Barclay)
3.Some Of My Best Friends Are The Blues04:34 (Al Byron/Woody Harris)
4.Get Out Of Town03:54 (Cole Porter)
5.He Was Good To Me05:28 (Richard Rodgers - Lorenz Hart)
6.Give Me The Simple Life03:12 (Harry Ruby - Rube Bloom)
8.Foolin' Myself03:18 (Peter Tinturin/Jack Lawrence)
9.I'm Thru With Love05:51 (Joseph Livingston/Matt Malneck/Gus Kahn)
10.This Can't Be Love05:51 (Richard Rodgers - Lorenz Hart)
11.September Song05:16 (Maxwell Anderson/Kurt Weil)
12.Smile03:14 (James Phillips - Geoffrey Parsons - Charles Chaplin)
Sara Lazarus : chant - Alain Jean-Marie : piano - Gilles Naturel : contrebasse - Winard Harper, Andrea Michelutti : batterie - Biréli Lagrène : guitare (3,10,12)