Qu’est-ce qu’un guitar hero ? Un musicien qui parvient à projeter sur son instrument, un monde. La magie opère lorsque ce monde entre en résonance avec la réalité et l’imaginaire d’une époque.
Adrien Moignard est assurément un des tous jeunes héros (à peine 25 ans) de la guitare d’aujourd’hui, cette guitare française qui nous vient en droite ligne de Django Reinhardt. Mais l’imaginaire qui nourrit son art, s’il n’ignore rien de celui de Django, s’alimente également à d’autres sources.
De l’univers rock/blues de ses débuts à sa collaboration au projet Selmer 607, qui le révéla comme soliste (en compagnie, entre autres, de son ami Rocky Gresset), en passant par un album avec l’ensemble Zaïti, dont on retrouve ici la complicité non exclusive (Cédric Ricard – saxophone, Mathieu Chatelain – guitare rythmique, Jérémie Arranger – contrebasse), Adrien s’est très vite imposé comme un guitariste exceptionnellement doué et fondamentalement ouvert. Est-ce cette ouverture (à toutes les curiosités, à tous les vents de l’éventuel ? comme aux appels encore informulés de son avenir artistique – tous ces rythmes futurs qui pourraient constituer la principale leçon de Django…), est-ce cette ouverture, donc, que l’on perçoit immédiatement dans sa sonorité, ce toucher entre tous déjà reconnaissable ? (Que l’on écoute, par exemple, sa reprise de La Valse d’Augustine de Cosma, ou ses passes d’armes avec le grand Stochelo Rosenberg, maître du son et de l’élégance, auprès de qui Adrien affiche une surprenante maturité). Au-delà de ce carrefour d’influences : Sinatra (All The Way), George Benson (Clockwise), Bill Evans (Witchcraft, Blue in Green), Horace Silver – via Eddy Louiss et René Thomas (No Smoking), les Brecker Brothers (Some Skunk Funk), Louis Winsberg (Peniscola) ou Special EFX (Fountain of You) – sans compter les clins d’œil à Django (Shine, Viper’s Dream, How High the Moon), le plus étonnant, en effet, ne tient-il pas à cette facilité avec laquelle Adrien impose son propre style (La Valse d’Augustine, encore) ?
Au fil de ce premier album qui est déjà l’oeuvre d’un maître (voyez, dès l’ouverture, l’autorité avec laquelle il nous « balance » le titre éponyme), le jeune virtuose plante le décor et donne le ton. Entouré des remarquables Benoît Convert (guitare), Jérôme Regard (contrebasse) et Xavier Sanchez (cajon, percussions), pour quelques pépites dont la magie vient cimenter l’ensemble, il semble même nous montrer le chemin, et indiquer la direction.
A n’en pas douter, un des futurs de la guitare, déjà repéré hors de nos frontières (le norvégien Jon Larsen ou l’américain John Jorgenson ne tarissent pas d’éloges à son sujet), se tient là, miraculeusement, devant nous.
1.All The Way04:23 (Sammy Cahn
- Jimmy Van Heusen)
2.Intention Chien Méchant03:47 (Adrien Moignard)
- 3.La Valse d'Augustine03:43 (Vladimir Cosma)
4.How High The Moon04:12 (Nancy Hamilton - Lewis Morgan)
- 5.Peniscola06:23 (Louis Winsberg)
- 6.No Smoking02:39 (Horace Silver)
7.Viper's Dream03:08 (Fletcher Allen)
8.Witchcraft04:27 (Carolyn Leigh - Cy Coleman)
9.Blue In Green04:04 (Miles Davis)
10.Some Skunk Funk05:10 (Randy Brecker)
11.That's Why They Call Me Shine02:57 (Lew Brown»Cecil Mack - Ford T. Dabney)
- 12.Clockwise02:48 (George Benson)
- 13.Fountain Of You03:59 (Ulpio Minucci»Chieli Minucci
- Ulpio Minucci»Chieli Minucci)
Adrien Moignard : guitare - Mathieu Chatelain : guitare (1,2,4,6,7,8,9,11,12) - Benoît Convert : guitare (3,5,10,13) - Stochelo Rosenberg : guitare (4,7,11) - Hono Winterstein : guitare (4,7,11) - Jérémie Arranger : contrebasse (1,2,4,6,7,8,9,11,12) - Jérôme Regard : contrebasse (3,5,10,13) - Cédric Ricard : saxophone (2,6,10) - Xavier Sanchez : percussions, cajon (5,10,13) - Xavier Desandre Navarre : percussions (13)
