Marcus MILLER déclara un jour à un journaliste : « Je n'aime pas tenir le compte de ce que j'ai fait. Je n'ai pas envie de passer pour le super touche-à-tout de la musique. » Mais, qui dans ce monde de la musique, s'aviserait d'affubler Miller d'un tel qualificatif ? Qu'il se lance dans la composition, la production, qu'il préfère exercer en studio ou sur scène ses incroyables talents de musicien, la réussite n'est-elle pas toujours au rendez-vous ?
Né à Brooklyn en 1959, c'est en Jamaïque, Queens, où sa famille s'est établie quand il avait 10 ans, qu'il passera le plus clair de sa jeunesse.
Il baigne dès petit dans une atmosphère musicale. Son père, enseignant et employé aux services de transit, est organiste à l’église et joue également du piano jazz à ses heures perdues. Son cousin, Wynton Kelly, était un brillant pianiste qui accompagna Miles Davis dans les années 50.
Enfant, Marcus adore chanter, et il interprète avec enthousiasme les hits de Rythm’n’Blues en vogue à cette époque. À 10 ans, il apprend la clarinette. À 13 ans, il s'essaye à l'orgue et au saxophone, avant d'opter pour la guitare basse. Mais, jusqu'à ce qu'il puisse s'offrir une vraie basse, c'est sur les quatre première cordes d'une guitare acoustique bon marché qu'il va travailler.
Il apprend en suivant les riffs de basse sur les chansons de Kool and the Gang, Isaac Hayes et autres stars des ondes. À 14 ans, parfait autodidacte, Miller joue aussi bien du piano, de la clarinette, que de la guitare basse.
À 15 ans, il décroche son premier engagement professionnel comme bassiste et choriste dans l'orchestre du New York City Club, Le Harlem River Drive. À cette époque, son univers musical commence à s'élargir. Grâce à un ami proche, Kenny Washington, il découvre en effet le be-bop en écoutant, pour la première fois, les disques où son cousin Wynton Kelly accompagne Miles Davis. Il va ensuite parfaire sa culture jazz en jouant avec les nombreux musiciens de rue qui se rassemblent dans les parcs, chaque week-end, pour faire des boeufs.
Mais Miller est trop doué pour demeurer une simple légende locale. Au bout d'un an et demi avec le Harlem River Drive, une audition lui vaut d'être engagé comme bassiste et chanteur par la fameuse flûtiste de jazz, Bobbi Humphreys.
Nous sommes en 1977 et déjà Miller se découvre d'autres talents : il propose au grand jazzman Lonnie Liston Smith quelques compositions originales, qui terminent l'album de Smith Love Land, où Marcus figure également comme bassiste.
Avec Marcus, compositeur, on retrouve cet instinct infaillible qu'il déploie lorsqu'il chante ou joue. Il va accompagner Bobbi Humphreys pendant un an, puis il part en tournée avec Lenny White, lequel ajoutera à son répertoire nombre de compositions de Miller. Après une année passée sur les routes aux côtés de White, il découvre fiévreusement la vie des studios new-yorkais, où il participe à des séances avec les plus grands noms du jazz, du rock, du Rythm’n’Blues. Outre des enregistrements avec Miles Davis, Aretha Franklin, Roberta Flack et Elton John, ses talents - de bassiste essentiellement - vont alors enrichir la musique de Luther Vandross, Grover Washington Jr, Tom Browne, Dave Grusin, Bob James et bien d'autres.
C'est sur scène, en 1979, alors qu'il joue à l'occasion de l'émission "Saturday Night Live", que Marcus rencontre l'extraordinaire saxophoniste David Sanborn. Prêt à enregistrer un nouveau disque pour la Warner Brothers Records, Sanborn associe aussitôt Miller à la création de l'album. "Voyeur", unanimement salué par la critique et les professionnels (Grammy), comptera ainsi nombre de compositions de Miller, ainsi que des contributions instrumentales à la basse. Grâce à cette percée et cette reconnaissance, il enregistrera peu après son premier album solo, "Suddenly".
En 1981, Miles Davis l’invite à rejoindre son nouveau groupe comme bassiste et, pendant 18 mois, Miller accompagnera ce trompettiste de légende.
Il passe régulièrement de la casquette de producteur à celle de musicien durant les années 80, mais reprend avec plaisir la plume et les instruments pour composer entièrement un album à la légende vivante du Jazz : Miles Davis. Tutu, dernier grand succès du trompettiste qui sortira en 1986, sera également produit par Miller.
Après avoir passé beaucoup d’années comme producteur et musicien de studio, Marcus Miller se concentre sur sa carrière solo en réalisant en 1993 The Sun Don’t Lie. En 1995, Tales montre un « nouveau » Marcus qui a re-imaginé le paysage de la Black Music et son évolution tout au long de ces trente dernières années.
En 1997, il montre l’énergie qu’il déploie sur scène avec son album Live and More.
Figure incontournable dans le milieu musical, Marcus sait s’entourer des plus grands pour réaliser ses albums. M2, album sorti en 2001, est réalisé avec des musiciens tels que Kenny Garett, Herbie Hancock, Fred Wesley, Wayne Shorter, Maceo Parker… Cet album sera plébiscité à travers le monde, et sera même élu Meilleur Album de Jazz Contemporain aux Grammy Awards 2002.
Marcus profitera de cet accueil chaleureux pour parcourir le monde et faire découvrir ses compositions et son talent à tous les publics. Il passe des petites scènes aux grands festivals et conquiert une audience de plus en plus large. Le témoignage de cette tournée mondiale triomphale se trouvel’album The Ozell Tapes-The Official Bootleg, sorti le 21 octobre 2002.
En 2005, Marcus Miller publie son nouvel album studio «Silver Rain» qui prouve une nouvelle fois la richesse musicale dont Marcus Miller peut faire preuve. Pour le citer, « de nos jours, les gens écoutent juste une sorte de musique, comme le hip hop, le R&B ou le rock, mais dans ma jeunesse, on était plus ouvert à tous les styles musicaux. » C'est la raison pour laquelle on retrouve sur cet opus, des reprises de Stevie Wonder, Jimi Hendrix, Duke Ellington, et même une adaptation de la "Sonate au Clair de Lune" de Ludwig Van Beethoven. Un large spectre musical interprété avec toujours ce groove imparable. Eric Clapton fait une apparition sur le titre "Silver Rain", co-écrit avec Marcus Miller, sur lequel il chante et joue de la guitare.
Deux plus tard, Marcus Miller publie un nouvel album plein de groove, de funk, de soul : "Free". Comme à son habitude il invite ses amis musiciens et cette fois - ci il interprète le titre "Free", avec la chanteuse Corinne Bailey Rae, et le guitariste Keb'Mo.
Toujours en mouvement, Marcus Miller pose les fondations d'une association musicale unique et pleine de succès : la réunion des trois plus grands bassistes de jazz actuel. Les trois amis que sont Stanley Clarke, Marcus Miller et Victor Wooten publient l'album «Thunder» en 2008. Ce trio devenu légendaire se rassemble sous le nom : S.M.V. Ils tourneront à guichets fermés des USA et en Europe.
La même année, en 2008, le Monte-Carlo Jazz Festival donne carte blanche à Marcus Miller pour une soirée exceptionnelle qui se tiendra le 28 novembre dans le prestigieux opéra de Monaco.
Marcus rassemble alors pour l'occasion l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo (près d'une trentaine de musiciens monégasques) , le trompettiste Roy Hargrove , le chanteur-guitariste Raul Midon, DJ Logic. Ils revisitent ensemble le répertoire de Marcus Miller, agrémenté de quelques thèmes qui lui sont chers, dont ceux de Miles Davis…
En 2010, est publié le témoignage de ce live, de ce moment magique, de cette rencontre unique : «A Night in Monte-Carlo».
Durant l'année 2009, la Cité de la Musique de Paris consacre une gigantesque rétrospective sur Miles Davis, "We Want Miles". Dans ce cadre les organisateurs proposent à Marcus de se produire lors d'une série de concerts - hommages à Miles. De là naît l'idée de «Tutu Revisited». 25 ans plus tôt, Marcus Miller avait composé, produit, arrangé et interprété pour Miles Davis, l'album de jazz le plus célèbre des années 80 : Tutu. À l'image de Miles, Marcus décide de s'entourer de jeunes prodiges et de les guider dans les ré-interprétations de ces standards. D'un concert unique devant se dérouler dans le cadre d'une exposition, s'ensuit une tournée mondiale pleine de succès.
Lalbum «Tutu Revisited» (2CD + 1DVD), sorti en 2011, est la captation live du concert donné à Lyon en décembre 2010.