Sylvain LUC
Ambre
A tous les âges de l’Histoire, séduits par la prégnance de son parfum et son éclat aux nuances infinies, les hommes ont été fascinés par l’ambre, « la lumière du monde » selon la légende, auquel ils ont attribué des pouvoirs surnaturels et quasi divins.
De beauté et de magie, il est bien évidemment question au cœur de ce nouvel album de Sylvain Luc. Le neuvième d’une carrière désormais internationale, le second qu’il a choisi délibérément de barrer en solitaire, poursuivant l’exploration de toutes les potentialités – insoupçonnées ou simplement oubliées – de ses guitares acoustiques avec une sensualité exacerbée et des moments de bravoure plus étonnants encore puisqu’il s’est livré sur le fil du rasoir, dans les conditions du « live », et que les meilleures prises se sont révélées les premières.
Dès « Piaia » en 1993, la jazzosphère avait en effet pu découvrir, au-delà de l’audace d’un joueur de guitare proprement hallucinant, la magie d’un conteur qui, d’un voyage au bout de lui-même, avait su revenir avec « une musique qui chante à la Terre entière ». Déjà l’évidence de la mélodie comme guide suprême. Déjà le chant intérieur sur la voie du chant universel. En bonus, une version culte du « Freedom Jazz Dance » d’Eddie Harris, pour accéder en un éclair au cercle très fermé des joueurs d’instant et d’instinct poussés par un sens du swing, une maîtrise du temps, du son, et une oreille « extraterrestres ». Freedom Jazz Dance ? S’il fallait définir le style de Sylvain Luc, aujourd’hui encore ça lui irait plutôt bien…
Dix ans après ce premier jet qu’il aura à maintes reprises le bonheur de réécrire sur scène, « Ambre », comme une constante dans l’œuvre atypique de ce musicien funambule, sonne toujours telle une invitation au voyage. Mais l’enfant basque ne nous avait jamais emmenés aussi loin.
Bien au-delà du jazz quand il part à la conquête du feu sacré de quelques grands standards américains (ajoutant notamment sur « All Blues » deux mesures de blues au célèbre balancement de Miles Davis), il prend d’ailleurs à son compte – fait exceptionnel dans sa discographie – la majorité du répertoire : sept créations spontanées (dont « Ambre », un pur chef-d’œuvre) qui appuient sur tous les tempi l’idée que l’improvisateur devient, à ce niveau d’exigence et de musique, le compositeur-arrangeur du temps réel. Au final, douze plages d’inspiration vagabonde pour dessiner un ensemble d’une remarquable unité et s’improviser une île, voire un refuge, que Baudelaire, coloré par Matisse, aurait rêvé d’aborder : Là, tout n’est qu’ordre et beauté, Luc, calme et volupté…
Défiant le silence et la pesanteur d’un studio d’enregistrement « pour lui tout seul », se risquant enfin de nouveau à graver pour l’éternité ce saut dans l’inconnu qui lui a toujours donné des ailes, Sylvain Luc signe ici son disque le plus libre et le plus sincère. Le plus troublant aussi, puisque s’y mêlent en permanence le recueillement et l’allégresse, soit le sentiment d’un dépouillement fragile, jamais fébrile, et la magnificence d’une guitare qui prend la dimension d’un orchestre. Un album certes très attendu mais qui – et c’est heureux – surprendra ceux qui pensaient tout savoir de cet alchimiste des contraires. A creuser, par le biais d’écoutes successives, comme un jeu d’ambre et de lumière.
« Ce que Keith Jarrett réussissait en piano solo, Sylvain Luc l’atteint avec autant de risques et de trouvailles mélodiques. »
Télérama
« Sylvain Luc est incontestablement l’un des musiciens les plus importants de sa génération…Il improvise continuellement, avec une maîtrise harmonique qui force le respect et un lyrisme qui touche instantanément. »
Jazzman
« L’écoute attentive livre un plaisir simple. Guitare mutante livrée aux mains expertes d’un musicien décidé à émouvoir. »
Jazz Magazine
1.A Child is Born03:20 (Thad Jones)
2.Gentil Coquelicot05:07 (TRADITIONNEL - Trad - arr : Sylvain Luc)
3.Bakean (paisilblement)05:20 (Sylvain Luc)
4.Omenaldi (hommage)03:21 (Sylvain Luc)
- 5.Oreade06:52 (Sylvain Luc)
- 6.Opposite World03:28 (Sylvain Luc)
7.Berceuse Basque05:25 (Trad - arr : Sylvain Luc)
8.All Blues05:09 (Miles Davis)
- 9.Ambre04:45 (Sylvain Luc)
10.Folklore Imaginaire (Miss Moustique)03:52 (Sylvain Luc)
11.Shadow of your Smile05:51 (Paul Webster - John Mandel)
12.Warm Color05:21 (Sylvain Luc)
Sylvain Luc : guitares
