Tout petit déjà… Sylvain Luc a commencé la musique par le bon bout. Celui des bals de village où les pieds qui virevoltent ont la même importance que les oreilles. Celui du chant vécu comme centre de gravité. Celui du jeu qui ne se donne pour seule règle que l’imprévu de l’improvisation. Qu’il aborde Maité par la face sud ou D’Ici d’en Bas par la face ouest, Sylvain Luc ne joue pas plus de la guitare que du jazz. Il joue. Point barre. Même chose lorsqu’il rappelle André Ceccarelli et renoue avec Thierry Eliez : il les considère comme des camarades de joutes, de rires, de pièges, de cour de récréation.
Le garçon a la bougeotte. Sud – avec Jean-Marc Jafet et Dédé Ceccarelli – est le seul groupe stable auquel il ait appartenu jusqu’ici. Lorsqu’il reçut le Prix Django Reinhardt de l’Académie du Jazz en janvier 2011 (récompensant « LE » jazzman de l’année en France), Michel Legrand rappela comment il avait repéré immédiatement un talent unique chez le guitariste qui venait d’enregistrer son premier album, « Piaia », en 1993 : « un lyrique et un imaginatif hors normes, très en avance sur sa génération ». Avec à chaque étape, moins l’envie de nous surprendre que celle de se surprendre soi-même. Car sous une apparence de virtuosité Sylvain Luc cache une sensibilité à fleur de peau. « Plus j’avance, confie-t-il, plus je cherche à contourner la virtuosité par l’épure. J’adore réduire une harmonie à une basse, avec deux notes au maximum pour davantage suggérer et laisser de l’espace à l’imaginaire. Aujourd’hui, je me méfie de mes doigts, je me refuse à être victime de ma virtuosité. »
Avec ses deux amis, Thierry Eliez et André Ceccarelli, Sylvain Luc joue sur des parfums de madeleine. Celle de l’enfance avec le pianiste basque, celle d’un mentor pour le batteur niçois. Pas étonnant que le guitariste ait choisi de conclure l’album sur un duo avec le pianiste : à leurs débuts, on a souvent comparé Sylvain Luc et Thierry Eliez. Même génération, même origine du côté des embruns pyrénéens, mêmes facilités de surdoués précoces. Avec le danger qui guette les caméléons. Il faut très vite affirmer des choix. Aussi, s’ils ont tous deux « fait le métier », en se mettant au service de dizaines d’autres instrumentistes et vocalistes, cela n’a duré que six ans pour Sylvain Luc, qui a pu affirmer une « signature », une lisibilité, très tôt. Juste après le temps de l’éclosion.
« Ce qui me fascine chez Dédé Ceccarelli, précise Sylvain à propos de son « vieux » complice du Trio Sud, c’est qu’il est en constante évolution. Il est de la génération qui me précède et sa carrière est une leçon d’exigence. Il s’est toujours confronté à de jeunes musiciens. Il est terriblement « présent ». C’est un éternel jeune homme, toujours à l’affût, totalement passionné. Parfois, j’ai l’impression qu’il fait tellement partie du paysage que l’on ne s’en aperçoit plus…»
Ces garçons ont exactement la même idée de ce pourquoi la musique est nécessaire. Sous le chant, la danse rode. Un esprit de fête qui semble bien être dans la nature profonde de Sylvain Luc. « Organique » ? Comme au temps des bacchanales…
3.Deux quatre à cinq07:25 (Sylvain Luc) Sylvain Luc : electric guitars - Thierry Eliez : piano, Fender-Rhodes, synth-bass - André Cecarrelli : drums.
4.Comme un envol03:34 (Sylvain Luc) Sylvain Luc : electric guitar - Thierry Eliez : wurlitzer piano - André Cecarrelli : drums.
6.Song for Marylise02:33 (Sylvain Luc) Sylvain Luc : electric guitars bass, percussion - Thierry Eliez : piano - André Cecarrelli : drums.
8.D'Ici d'en bas04:04 (Bernard Lubat) Sylvain Luc : electric guitar, octaver-bass - Thierry Eliez : piano, Fender Rhodes - André Cecarrelli : drums.
9.Song for Marylise (Impromptu)02:28 (Sylvain Luc) Thierry Eliez : piano.
11.The world is a circle03:44 (Hal David - Burt Bacarach) Sylvain Luc ; electric guitar - Thierry Eliez : piano, Fender Rhodes, synth-bass - André Cecarrelli : drums.