Un saxophoniste qui, quand on lui énumère la liste de ce qu'on suppose être ses influences (Parker, McLean, Adderley..., en l'occurrence), ajoute : "Bien sûr, mais également Puccini!", voilà qui ne se rencontre pas à tous les coins de rue. Même à Rome où Giuliani, natif du Latium, a commencé sa carrière musicale. Pourtant l'altiste transalpin (qui pratique également le soprano) ne correspond pas à la caricature qu'on pourrait se faire du musicien italianissimo. Authentique improvisateur, capable de figurer en bonne place dans n'importe quelle formation européenne ou internationale (voire de voler la vedette à des pointures patentées), Giuliani est un souffleur imprégné de bop, de hard bop et de l'écoute de Coltrane ou d'Ornette. Il a parfaitement assimilé ces modèles et en a tiré une magnifique sonorité personnelle et un phrasé vif et tranchant. Son lyrisme est tout sauf superficiel, exhibitionniste ou langoureux. C'est au contraire une densité, une profondeur impressionnantes et un investissement total dans la démarche musicale qui caractérisent le saxophoniste, et qui l'ont fait choisir d'enregistrer, pour ce premier album sur le label Dreyfus Jazz, avec son quartet régulier. Avec ce groupe, il développe depuis des années ses conceptions musicales dans une atmosphère de confraternité et d'intégrité studieuses et dynamiques. Giuliani est donc un sérieux client qui ne craint, ni ne recherche frénétiquement la lumière des projecteurs. Son arrivée sur le devant de la scène du jazz international est d'ailleurs le couronnement d'un cheminement exemplaire et, on veut bien le parier, le début d'une trajectoire ascensionnelle remarquable.
Sideman de plus en plus prisé,Giuliani a en effet eu pour partenaires, sur disque ou en studio, des musiciens du calibre de Franco D'Andrea, Enrico Rava, Roberto Gatto ou Enrico Pieranunzi pour l'Italie, Randy Brecker, Phil Woods, Joe Locke ou Cedar Walton pour les USA . En 96, il remporte le prix Massimo Urbani (du nom du saxophoniste-météore italien trop tôt disparu), dont nombre de caractéristiques de son jeu le désignent comme l’héritier. L'année suivante le voit remporter l'Europa Jazz Contest à Bruxelles, à la suite de quoi il entre en studio avec le batteur belge Mimi Verderame. Le lendemain de son enregistrement pour Dreyfus Jazz à Paris, c'est le trompettiste britannique Guy Barker qu'il va rejoindre à Londres pour un semaine au Ronnie Scott's Club. Voilà pour le reste de l'Europe. Le présent CD apparaît donc comme une pierre blanche dans une discographie en leader déjà forte de cinq références, et comme une étape essentielle dans sa carrière. A 34 ans, Rosario Giuliani arbore un resplendissante maturité et promet d'occuper durablement une place de premier plan dans le gotha jazzistique.
« La cohésion de l’ensemble et surtout la générosité du leader suscitent l’adhésion. »
Jazzman
« Un premier album incontournable. »
Jazz Notes
1.Luggage06:02 (Rosario Giuliani)
2.Portrait Of Jennie07:11 (Russell J. Robinson, Gordon Budge)
3.Dear Tucci04:09 (Rosario Giuliani)
4.The Awakening Of The Creature04:53 (Pietro Lussu)
5.Love For My Mother03:43 (Rosario Giuliani)
6.Oriental Folk Song04:46 (Wayne Shorter)
7.Road Song04:23 (Wes Montgomery)
8.I Hope You care04:00 (Pietro Ciancaglini)
9.Thinking of You04:52 (Rosario Giuliani)
10.Remi04:24 (Rosario Giuliani)
Rosario Giuliani : saxophone alto - Pietro Lussu : piano - Pietro Ciancaglini : contrebasse - Lorenzo Tucci : batterie