Cet album en est la plus irréfutable démonstration. En jazz, on n’a l’âge que de son swing, l’âge de sa fraîcheur musicale. Au départ, sur le papier, la rencontre pouvait paraître improbable, voire impossible. Et pourtant, dans le vif de l’instant, dans l’urgence de la musique, elle s’impose comme une évidence.
Décidément, les ans n’ont rien à faire dans l’affaire.
Pour la première fois, quatre générations différentes de musiciens de jazz sont ici, en effet, sans préparation ni répétition préalable, invités à ce rendez-vous de l’amitié.
Dans l’ordre chronologique, première et glorieuse génération. A tout seigneur, tout honneur : Stéphane Grappelli, 88 ans et toujours ce même appétit printanier de musique. C’est Michel Petrucciani lui-même qui a souhaité cette conversation avec l’immense artiste qu’il admire depuis toujours. « Mon idée, c’était, tout en respectant la personnalité si affirmée de Stéphane, de moderniser sa musique et de prouver son inaltérable jeunesse. Pour dialoguer avec lui, je n’ai pas eu à adapter ma manière de jouer. Il m’a suffit d’être moi-même. Mais avec l’ambition, chevillée au coeur, de « servir » le plus généreusement possible un musicien d’une telle dimension. Le résultat ne m’a pas déçu. On a dialogué ensemble, pour la première fois, comme si on se connaissait déjà depuis longtemps. C’est un peu vrai, d’ailleurs. Tout au long du disque, cela me frappe aujourd’hui, cela plane manifestement plus haut que certains projets, certaines rencontres programmés à l’avance. Il faut dire qu’à chaque fois qu’il joue, Stéphane fait preuve d’une telle classe, d’une telle énergie, musicalité et connaissance. Ce qui me fascine le plus, c’est dans son jeu le travail du temps. Dans sa manière de vivre la musique, j’entend le triomphe de l’école de la vie. Aujourd’hui encore, Grappelli ne se repose jamais sur sa seule technique. Il trouve toujours de nouvelles idées, il invente de nouveaux horizons ». Le merveilleux avec Stéphane Grappelli, c’est qu’à un âge que l’on dit canonique, il aime toujours autant la rencontre, la scène, la jeunesse, la musique. Délicatesse d’expression, luminosité du swing, splendeur du son, harmonie et gaieté des couleurs, dès qu’il joue, Stéphane chante et enchante. Avec une grâce toute naturelle, il n’a pas son pareil pour placer ces petites touches de perfection et manifester, à chaque coup d’archet, son immarcescible bonheur d’exister.
Deuxième génération : Roy Haynes, 70 ans et toujours la même science des rythmes et des couleurs. Ce batteur peut, comme nul autre (à l’exception de Max Roach), se vanter d’avoir tout vu, tout connu, tout entendu. Et pourtant, une nouvelle fois, Haynes étonne par sa disponibilité d’écoute et sa formidable jeunesse de réflexe. Ecoutez-le jouer au « maître de balais ». Quelle leçon de musique pour tous les cogneurs de tambours qui encombrent la scène du jazz!
Troisième génération : George Mraz, né sur le Vieux Continent, en Tchécoslovaquie, il y a 52 ans. Cet admirable et très discret contrebassiste, qui fait preuve sur son instrument d’une pince très puissante de main droite (ce qui lui permet d’émettre des notes tenues très longues), s’affirme une nouvelle fois ici, tout au long de l’enregistrement, comme le compagnon idéal, le parfait gardien des élégances fondamentales. A son écoute, on n’y imagine pas qui aurait pu le remplacer.
Enfin, dernière génération : Michel Petrucciani, 35 ans et l’amour fou de la musique et de la vie « J’ai une grande admiration pour Michel, affirme aujourd’hui Stéphane Grappelli. Il possède toutes les qualités que j’aime chez un musicien : la musicalité, le lyrisme, la flamme ». C’est vrai, dans « Flamingo », Michel se hausse au meilleur de lui-même. Dans chacune de ses interventions, toujours justes, toujours sensibles, il confirme la musique dans le projet qu’il a toujours voulu lui donner : le grand jeu, l’amitié, le plaisir du dialogue, de la conversation et de la rencontre.
Conclusion : « Flamingo » appartient à la catégorie des disques rares. Ceux qui aident à respirer et à vivre. Ils ne sont pas si courants.
« Flamingo est un disque profondément touchant. »
Le Monde
« Les deux géants se sont rencontrés et se retrouvent dans Flamingo pour un disque solaire tout en nuances. Un vrai bonheur. »
Télérama
« Plaisir de jouer rime ici avec bonheur d’écoute. »
Jazzman
1.These Foolish Things:04:32 (Eric Maschwitz - Jack Strachey)
2.Little Peace In C for U:03:04 (Michel Petrucciani)
3.Flamingo:04:09 (Edmund Anderson - Theodor Grouya)
4.Sweet Georgia Brown:04:05 (Ben Bernie- Kenneth Casey- Maceo Pinkard - Ben Bernie- Kenneth Casey- Maceo Pinkard)
5.I Can't Get Started:05:09 (Ira Gershwin - Vernon Duke)
6.I Got Rhythm:05:51 (Ira Gershwin - George Gershwin)
7.I Love New York In June:03:46 (Ralph Freed - Burton Lane)
8.Misty:06:57 (Erroll Garner)
9.I'll Remember April:05:17 (Gene De Paul- Patricia Johnston- Don Raye - Gene De Paul- Patricia Johnston- Don Raye)
10.Lover Man:06:17 (James Davis- Roger Ramirez- James Sherman - James Davis- Roger Ramirez- James Sherman)
11.There Will Never Be Another You:03:58 (Mack Gordon - Harry Warren)
12.Valse du passé:02:00 (Stéphane Grappelli)
13.Pennies From Heaven (Bonus Track):03:40 (Johnny Burle - Arthur Johnson)
14.Blues (Bonus Track):07:52 (D.R.)
15.Night and Day (Bonus Track):03:59 (Cole Porter - Cole Porter)
Michel Petrucciani / Stéphane Grappelli / Roy Haynes / George Mraz